CHANCE (en voix off) J’adore taquiner Simon. Il prend les choses tellement au sérieux-- EXTERIEUR. UN BAR – LA NUIT Simon est dehors devant le bar en train d’attendre son rendez-vous. Il regarde sa montre. CHANCE (en voix off) C’est comme le temps. Simon prend le temps très au sérieux. Pour une raison inconnue, il perçoit tout retard comme un affront personnel. Il regarde sa montre une nouvelle fois. CHANCE (en voix off) (continue) C’est le genre de gars qui mange des pizzas gratuitement parce qu’il chronomètre le livreur de chez « Domino ». INTERIEUR. SALLE DE SEJOUR/CUISINE DE CHANCE – LA NUIT Simon se tient devant l’horloge du micro-ondes en train de regarder le temps s’écouler. Le compte à rebours s’arrête pile au moment où quelqu’un frappe à la porte. LE GARS DE CHEZ « DOMINO » (hors écran) C’est « Domino ». Simon ouvre la porte. SIMON Vous êtes en retard. Le gars de chez « Domino » a l’air déboussolé. LE GARS DE CHEZ « DOMINO » Hein ? SIMON Un peu moins de trente minutes. LE GARS DE CHEZ « DOMINO » Hein ? SIMON Vous avez vingt-trois secondes de retard. Simon prend la pizza des mains du livreur ahuri et claque la porte. CHANCE (en voix off) Complètement constipé le gars. EXTERIEUR. LE BAR ZOOM SUR la montre de Simon. On peut lire 23:07. Simon secoue la tête, frustré, puis s’en va. INTERIEUR. LA SALLE DE BAINS DE CHANCE – AU MEME MOMENT Chance se tient devant le miroir de la salle de bains en train de se maquiller. Elle porte son pantalon en lamé argent. Elle entend la porte de l’appartement s’ouvrir et se refermer, puis Simon entre dans la salle de bains, l’air découragé. SIMON Pourquoi tu vis dans ce trou de merde ? CHANCE J’aime bien la racaille. SIMON Est-ce que je peux t’emprunter deux cent dollars ? CHANCE Pourquoi ? SIMON Parce qu’ils vont emmener ma voiture à la fourrière si je ne paye pas les deux tickets de parking d’hier. CHANCE Ah. (une pause) ç a craint. SIMON Ouais, je sais. Donc, est-ce que je peux t’en emprunter deux cents ? Chance y réfléchit une minute. CHANCE Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, Simon. SIMON Merde, merde, merde... CHANCE Franchement, pour quelqu’un qui est obnubilé par le “temps”, tu sembles ne jamais rien payer en temps et en heure. SIMON C’est différent. CHANCE Comment ça ? SIMON Si tu n’as pas l’attention de me donner cet argent, je ne veux pas en parler. CHANCE OK, va te faire voir. Elle finit de se mettre son rouge à lèvres, puis embrasse le miroir. CHANCE (continue) Je sors. A plus tard. Elle saisit sa trousse de maquillage et désinvolte sort de la salle de bains. Simon regarde son propre reflet dans le miroir. Il ouvre un tiroir et prend un vieux ROUGE A LEVRES. Il se peint les lèvres couleur vermeil, et embrasse le miroir directement sur la marque laissée par le baiser de Chance. Puis il étale ces traces de rouge à lèvres sur tout le miroir. SIMON Salope. EXTERIEUR. LA RUE – AU MEME MOMENT Chance monte dans sa voiture, démarre et s’en va. INTERIEUR. SALLE DE SEJOUR/CUISINE DE CHANCE – PLUS TARD Simon est assis sur son canapé-lit en train de regarder par la fenêtre. SIMON Et Dieu a dit, “Que la lumière soit.” Il ramasse la télécommande et allume la télé. Il n’y a qu’un écran de neige, pas d’images. SIMON (continue) Merde! Merde, merde, merde... Il frappe d’une main le côté de la télé. Rien ne change. EXTERIEUR. L’ENTREPÔT – LA NUIT Chance s’appuie contre un mur et fume une cigarette. De la musique Techno bat fortement derrière elle. Sara, la fille morte, se heurte à la porte en sortant et tombe juste devant Chance. CHANCE Oups. Tu t’es emmêlée les pieds. Sara commence à rire bêtement. SARA Putain fait chier. (une pause) ç a rime... CHANCE Joli accent. SARA Manchester. Elle se relève toute seule. Elle prend la cigarette des doigts de Chance et en tire une bouffée. SARA (continue) Ça te gêne si je la fume un peu ? CHANCE Je vois t’es plutôt du genre à prendre d’abord et à demander ensuite pour le principe. SARA Le principe...? Je n’y crois pas. Elle tire une autre bouffée. CHANCE Oh. Soudain, Sara se penche pour sentir le haut du cou de Chance. SARA Tu sens vachement bon. Elle embrasse le cou de Chance. CHANCE Je trouve que c’est assez grossier d’embrasser quelqu’un sans lui demander tout d’abord. SARA (mordillant l’oreille de Chance) ç a ne te gêne pas... CHANCE (résignée) ç a ne me gêne pas. CHANCE (en voix off) Je ne suis pas complètement branchée par les filles pour vous dire la vérité. Si je veux un petit minou, j’ai le mien pour jouer avec. Sara sort deux comprimés de son décolleté. Elle en avale un, puis met l’autre sur la langue de Chance. CHANCE (en voix off) (continue) Mais j’étais dans la phase expérimentale de la vingtaine. (une pause) Et ce genre de comprimés est un vrai stimulant sexuel. INTERIEUR. SALLE DE SEJOUR/CUISINE DE CHANCE – AU MÊME MOMENT Simon regarde le micro-ondes attentivement chauffer un « burrito » aux haricots. Il décompte le temps du minuteur du micro-ondes. SIMON Quarante-neuf, quarante-huit, quarante-sept-- EXTERIEUR. L’ENTREPÔT – AU MÊME MOMENT Sara et Chance en train de flirter s’appuient contre le mur. INTERIEUR. SALLE DE SEJOUR/CUISINE DE CHANCE – AU MÊME MOMENT Simon compte toujours. SIMON Vingt-sept, vingt-six, vingt-cinq-- EXTERIEUR. L’ENTREPÔT – AU MÊME MOMENT Sara et Chance continue à s’embrasser. SIMON (en voix off) Quinze, quatorze, treize-- Chance s’écarte de Sara. CHANCE (directement à la caméra) C’est un peu ridicule, tout ce décompte jusqu’à l’apocalypse ou un truc dans ce style. (une pause) On va se rendre maintenant dans un endroit un peu plus intime. (à Sara) Allez, on se tire d’ici. Elle prend la main de Sara et l’entraîne avec elle. INTERIEUR. SALLE DE SEJOUR/CUISINE DE CHANCE – AU MÊME MOMENT Simon finit son décompte. SIMON Cinq, quatre, trois, deux... Le micro-ondes sonne. CHANCE (en voix off) Vous ne terminez jamais vraiment ce que vous commencez dans ce monde. La vie c’est comme un grand puzzle dont vous n’avez pas la boîte. Chaque pièce que vous ajoutez transforme le sujet de l’image… (une pause) Jusqu’à ce que vous en oubliez qu’à l’origine vous cherchiez quelque chose de spécial. Simon mord dans le « burrito » et se brûle la langue. SIMON Merde, merde, merde...! Retour à la page 1 - Suite à la page 3
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